Comment le stress peut affecter ton cycle

par | 13 avril 2020 | Blogue, Santé des femmes

Comment le stress peut affecter ton cycle

par | 13 avril 2020 | Blogue, Santé des femmes

Les femmes sont particulièrement sensibles au stress. Parmi les premiers signes observables qui nous indiquent que le stress dépasse notre capacité d’adaptation figurent les changements au cycle menstruel. 

Ton cycle, c’est ton 5e signe vital. 

Ton «health check» mensuel. 

 

Comprendre le stress

Le stress est une réaction physiologique et psychologique normale et non spécifique. C’est-à-dire qu’en réponse à tout type de stress (émotionnel, physique, culturel ou social), le corps déclenchera toujours les mêmes réactions biologiques. Ces réactions impliquent une série de messages neuro-endocriniens qui se résument grossièrement ainsi :

  1. le cortex où a lieu la perception et l’intégration du stressor;
  2. l’hypothalamus, qui reçoit le message du cortex et les transmet à l’hypophyse;
  3. l’hypophyse qui sécrète la CRH (corticotropin-releasing hormone), hormone qui communique avec les glandes surrénales;
  4. la CRH qui déclenche le relâchement du cortisol par les glandes surrénales.

C’est l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalienne (souvent décrit comme l’HPA axis). Il nous permet de survivre et nous adapter au stress.

 

Les effets du stress sur les hormones sexuelles 

Lorsque l’axe HPA est activé et que la sécrétion de cortisol est importante et soutenue, de nombreuses réactions et hormones seront perturbées. L’organisme priorise la survie et l’adaptation à la reproduction. Bref, pas le temps de faire des bébés, donc pourquoi ovuler? 

Ton cycle menstruel est orchestré par une danse précise et délicate d’hormones qui met tout en place pour rendre possible la succession harmonieuse des quatre phases du cycle. Il s’agit de la phase menstruelle, la phase folliculaire, la phase ovulatoire et la phase lutéale. Ces hormones sont LH, FSH, oestrogène et progestérone. Elles sont aussi en étroite relation avec les hormones thyroïdiennes et la testostérone. 

Toutes ces hormones sont influencées par le cortisol d’une manière ou d’une autre. Lorsqu’il s’agit des hormones, aucune d’elles ne fonctionne en silo, c’est le festival de l’effet domino.

Tu es peut-être déjà familière avec le ratio oestrogène/progestérone (O/P)? 

En cas de stress, de nombreuses réactions entraînent une élévation de l’oestrogène et une réduction de la progestérone. Le tout détermine la durée de la phase folliculaire, la qualité de l’ovulation, la durée de la phase lutéale, l’expression des symptômes prémenstruels et le déroulement de la phase menstruelle. 

Voici ce qui se passe. 

 

Le stress perturbe la glycémie

As-tu remarqué que tu grignotes plus ces temps-ci? Envies de sucres, de chocolat, besoin d’un petit remontant vers 14-15h… C’est que l’un des premiers effets du cortisol sont les perturbations de la glycémie. Lesquelles entraînent une élévation de l’insuline, et lorsque celle-ci s’élève, les niveaux de SHBG (une protéine qui se lie normalement à l’excès d’oestrogène et de testostérone et qui permet un meilleur contrôle du message hormonal) baissent (1).

Si la SHBG est diminuée, l’oestrogène et la testostérone augmentent. L’insuline augmente également la production de testostérone (2), dont une partie sera ensuite convertie en œstrogènes (3). Résultat : plus d’oestrogènes circulants.

 

Le stress perturbe la fonction thyroïdienne

Ce que nous savons, c’est que l’excès de cortisol supprime la sécrétion de TSH. La TSH est une hormone produite par le cerveau qui indique à la thyroïde de produire plus d’hormones thyroïdiennes. En somme, un excès de cortisol empêche la thyroïde de produire adéquatement l’hormone T4 (4). Il réduit aussi la conversion de la T4 en T3, qui est la forme active de l’hormone qui agit sur les cellules. Cette suppression a un impact énorme sur le cycle, puisque les hormones thyroïdiennes augmentent la production de progestérone en stimulant la fonction ovarienne (5).

 

Le stress modifie à la baisse les niveaux de progestérone

L’élévation chronique du cortisol perturbe les cascades hormonales qui normalement mettent en place l’ovulation. Le tout débute dans le cerveau, où une augmentation de l’estradiol (un type d’oestrogène) sera causée par l’hypercortisolémie. Elle sera responsable de perturbations de la communication cerveau-hypophyse-ovaires. Ainsi, l’ovulation sera compromise et comme celle-ci est la seule façon de produire ta précieuse progestérone, cette hormone sera à son tour réduite (6). 

 

Le stress perturbe le microbiote intestinal

Il est reconnu que le stress a un impact négatif sur la flore intestinale (7). Pour les femmes, le microbiote joue un rôle majeur dans l’équilibre hormonal, puisque ce dernier régule les niveaux d’oestrogènes circulants via ce que l’on nomme l’estrobolome.

L’estrobolome est l’ensemble de micro-organismes capables de métaboliser les œstrogènes. Il module la circulation entérohépatique des œstrogènes et affecte les taux d’œstrogènes circulants et excrétés par les selles. Certaines bactéries de l’estrobolome produisent une enzyme nomée bêta-glucuronidase. Cette enzyme déconjuguent les œstrogènes qui étaient liées à une molécule nommée acide glucuronique. Détachée de l’acide glucuronique, elles pourront être réabsorbées dans l’intestin Et se lier à nouveau aux cellules pour influencer les processus physiologiques dépendants des œstrogènes. 

Lorsque le microbiote intestinal est sain, l’estrobolome produit juste la bonne quantité de bêta-glucuronidase pour maintenir l’équilibre des œstrogènes. Cependant, en cas de dysbiose, l’activité de la bêta-glucuronidase peut être amplifiée, favorisant ainsi les déséquilibres du ratio O/P et ses conséquences (8, 9).

 

Comment ça peut s’observer sur ton cycle?

La majorité des effets du stress sur le cycle s’observent en raison de la perturbation du ratio O / P qui se manifeste via une augmentation des niveaux d’oestrogènes et une réduction de la progestérone.

Par conséquent, le stress chronique peut modifier la longueur de ton cycle, puisque le ratio O/P détermine la durée des phases folliculaire et lutéales, ainsi que le moment où a lieu l’ovulation. Il se peut donc que ton cycle s’allonge ou qu’il se raccourcisse et que l’ovulation soit retardée, ou même supprimée (10, 11). 

Avant tes règles, il se peut que les symptômes de ton syndrome prémenstruel soient plus intenses et apparaissent plus rapidement qu’à la normale. Notamment ce qui touche ton humeur (irritabilité, tristesse, pensées anxieuses, etc.), ta peau, la sensibilité de tes seins ou tout autres symptômes que tu as l’habitude de rencontrer (12, 13). Tu peux aussi observer du spotting quelques jours avant le déclenchement de tes saignements. Tes menstruations peuvent aussi être plus douloureuses et plus abondantes qu’à l’habitude (14).

On ne peut donc jamais insister suffisamment sur l’importance de retrouver dans sa routine quotidienne des outils qui nous aident à réduire l’impact du stress sur notre organisme. Surtout en ces temps de grandes incertitudes liées à la COVID-19, qui soumettent notre organisme à un stress d’une forte intensité.

N’hésite pas à poser tes questions dans les commentaires!

Bonne santé! – Marigil

Crédit photo : Brooke Cagle

Marigil Pelletier, ND. A.

Bonjour!

Je m’appelle Marigil et je suis naturopathe agréée.

J’accompagne les femmes dans leur démarche vers une santé à la hauteur de leur potentiel. Je crois qu’une femme qui fait l’expérience d’une santé optimale peut tout accomplir.

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